Mouse and sea fruit

Un an. Trois cent soixante cinq jours. Huit mille sept cent soixante heures. Et quelques minutes. La vie est un paysage étrange et incohérent. On cherche, on se croise. On s'en va, on revient. On attend, on trépigne. On jette l'éponge et on revient. On s'interroge, on s'attend, on s'écoute. On parlemente, on se fâche, on revient. On s'écoute, on s'excuse, on s'attend, on s'entend. Et des fois, même, on ne se comprend pas. Mais, car comme dans toutes les bonnes histoires, il y a un mais. Un élément perturbateur, comme dans tout bon Disney. Quelque chose qui change un petit peu l'histoire. Pas de beaucoup, mais ce battement d'aile de papillon au Japon qui transforme votre belle plage de Californie en bouillon humide. Un an sans billet, c'est long. On n'existe plus. On peut considérer même que l'information n'a jamais existé. À l'heure où l'information circule à la seconde, où un bon mot ne dépasse pas 140 caractères. Et pourtant, et pourtant. Non, je ne suis pas mort, non je ne me suis pas éteint, non je n'ai pas perdu ma foi. Mon arrivée à Paris a bousculé mes habitudes. Il a fallut retrouver des marques, des connaissances, des occupations. Comprendre, écouter, interpréter. Et puis, comme souvent, ma vie s'est emballée. Et puis, comme souvent, il faut du temps pour que les choses s'apaisent, que la vie reprenne son rythme régulier. Quelques petites notes de musique. C'est sur cet événement sans réelle incidence que ma vie a basculée il y a quelques mois. Un intérêt commun, une capacité à se créer, à s'amuser, à échanger. Et de haut en bas, de droite et de gauche, voilà une heure transformée en une minute. Une minute en une seconde ; une seconde qui semble être des jours. Cette illusion que l'on croit à jamais perdue, que l'on a cherché, que l'on a voulu simuler, cette illusion revient. Et elle transforme la pomme en agréable sommeil, voulu, désiré, attendu, partagé. Et d'une valse, d'une pantoufle en verre, c'est la belle et la bête qui valsent à travers les âges, riant comme des enfants, insouciants, heureux de s'être enfin retrouvé. Je mets donc mon whisky au rencard pour cette année et vais aller sucer les glaçons en belle et bonne compagnie. Ma chère valentine, je t'aime.