La DADVSI, toujours !

On entend de tous les bords que la __licence globale optionnelle__ n'est pas une alternative, que c'est un crime envers les artistes. Dans cet article, j'expliquerai pourquoi la __licence globale optionnelle__ est une bonne alternative pour tous. Je ne reviendrai pas sur pourquoi le projet de loi DADVSI est mauvais pour les logiciels libres, je l'ai déjà expliqué [ici|http://gaulier.info/~jop/blog/index.php/2006/01/13/158-non-maitre], [là|http://gaulier.info/~jop/blog/index.php/2006/01/03/155-lettre-ouverte-a-monsieur-denis-olivennes] ou encore [là|http://gaulier.info/~jop/blog/index.php/2005/12/19/150-derniere-ligne-droite-dadvsi]. Sachez cependant qu'un logiciel libre se définit par quatre liberté :
  • liberté d'exécution (droit annulé par les DRM)
  • liberté de consultation du code source (impossible pour préserver les DRM)
  • liberté de modification du code source (impossible pour préserver les DRM)
  • liberté de redistribution (les DRM empêchent justement cela) Et ce n'est pas la peine de penser que les DRM seront uniquement appliqués aux logiciels de peer to peer. Une fois que nous aurons cédé à cela, il nous faudra alors nous plier à le faire sur tout nos logiciels de distribution (web, ftp, ssh, mail, news, ...) et que la France sera le seul pays au monde (excepté la Chine, qui est un cas particulier) à ne pas pouvoir utiliser de logiciels libres en terme de serveurs (contrairement à 70% du monde, qui lui utilise des logiciels libres en techno serveur). Ne serait-ce que pour cela, le projet de loi DADVSI doit être abandonné en terme d'utilisation de DRM, mais doit au contraire promouvoir l'interropérabilité et les standards. Pour en revenir à la __licence globale optionnelle__, un [article dans ZDNET|http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39309519,00.htm?xtor=1] racontait l'ouverture d'un forfait de musique illimité, mais avec DRM. Ce forfait permettra de télécharger de la musique sous la condition d'un abonnement mensuel. Le jour où vous arrêtez votre forfait, tout ce que vous avez acquis, toute la redevance que vous avez payé s'évanouira comme par magie. Grâce à l'action des DRM, tous vos fichiers deviendront inutilisable. N'est ce pas en quelque part de la __vente liée__ ? Le consommateur qui se sera acquité honnêtement de son droit d'écoute se verra perdre toute sa collection. On pourrait imaginer la même chose avec vos abonnements à la presse. Vous recevez chez vous tous les jours votre quotidien préféré. Pour une raison quelconque, vous décidez d'adopter son concurrent et de laisser tomber ce journal, là où se trouve toutes vos archives, votre temps et peut être votre travail pour un certain temps. Maintenant, le journal auquel vous avez été abonné envoie chez vous un gars musclé pour récupérer tous vos exemplaire. Vous n'y avez plus droit. Pire encore. Votre journal a été écrit avec une encre spéciale qui s'efface dès que vous arrêtez votre abonnement. Vous ne trouvez pas cela logique ? L'industrie de la musique pense que __si__. Un petit exemple pour rappeler que la __licence globale optionnelle__ fonctionne déjà. Chose étonnante, elle fonctionne dans l'industrie du cinéma. En effet, comment ne pas comparer cette possibilité à celle qu'offre la la carte de cinéma UGC. Pour 18 euros, on vous propose d'aller voir tous les films que vous voulez pendant le mois. Pour l'exemple, les deux cinémas concernés chez moi proposent en tout 14+3 salles. En raison d'à peu près cinq séances par jour, j'ai la possibilité d'aller voir entre 150 et 155 films par mois. Croyez moi, j'en suis loin. Les meilleurs mois, j'en vois dix, les plus mauvais comme ces temps derniers, je ne pose pas les pieds au ciné. Le cinéma souhaite t-il sa mort en me proposant une carte de cinéma __"illimité"__ ? Je ne crois pas, autrement, ils auraient déjà arrêté ce forfait depuis longtemps. Cela s'explique par un habile mécanisme qui dit que je n'ai physiquement pas la possibilité de voir autant de films par mois, soit parce que je n'en ai pas le temps, soit parce qu'il n'y a pas autant de nouveauté. Cela est il différent pour Internet ? Oui et non. En effet, le choix sera beaucoup plus vaste (mais limité, rassurez-vous), je garderai cependant 24h par jour et je continuerai à travailler comme un dingue. Si je télécharge 200 000 chansons, ce qui a l'air d'être un lieu commun pour les maisons de disque (ce qui me parait franchement invraisemblable), cela signifie que pour une chanson d'en moyenne trois minutes, il me faut un espace de stockage de 586 Go, ce qui n'est pas encore le lieu commun de tous les français. Hormis ce détail, cela signifie également qu'il me faudra quelques 417 jours, à 24 heures par jour pour écouter l'intégralité de ce téléchargement. Sans compter que le téléchargement n'est pas quelque chose d'instantanné, et que, par conséquent, il faudrait sûrement autant de temps, sinon plus, au même tarif. C'est complétement __IDIOT__ ! D'autant plus, rappelons le, que la qualité de la musique que l'on trouve sur le net laisse considérablement à désirer... Un autre point à regarder en détail est la rémunération des artistes, qui soit dit en passant, pour beaucoup ne connaisse Internet qu'au travers ce que leur maison de disque veut bien leur en dire. [Dimitri|http://www.point-libre.org/~dimitri/blog/] nous partageait [l'autre jour|http://www.point-libre.fr.eu.org/~dimitri/blog/index.php/2006/01/22/81-le-camenbert-qui-pue] le camembert de la honte, camembert que je reprends ici : ((http://jp.gaulier.info/images/99centimes.png)) On voit en effet clairement qu'il y a un problème entre ce que l'on veut bien nous dire et la réalité. Il est à souligner que l'artiste, celui pour qui RDDV souhaite faire la loi, ne perçoit actuellement que 3% du prix total sur un morceau vendu. On constate donc que ce n'est pas l'artiste qui est en ligne de mire pour recevoir son dû, mais tous les intermédiaires qui s'en mettent à l'abri. À ce propos, l'émission [Complément d'enquête|http://info.france2.fr/complement-denquete/emissions/18061981-fr.php] faisait une spéciale ce lundi soir. On nous rapportait le meilleur comme le peer (...). Par exemple, les journalistes ont rapporté qu'il était illégal d'échanger de la musique librement sur Internet. C'est __faux__. Il est interdit d'échanger de la musique dont vous n'auriez pas les droits d'auteur ou de distribution, mais vous avez tout à fait le droit de partager vos créations ou des musiques libres et/ou libre de droit. On apprenait également que le créateur de Bit Torrent est le roi des pirates (Aleph One, si tu me lis...). Pour en revenir sur le sujet, on apprenait également qu'il y avait entre 8 et 12 millions de personnes qui téléchargent illégalement en France. Du côté des associations comme des institutions, le comptage semble simple : une connexion ADSL équivaut à un voleur de musique. C'est __très__ réducteur et __faux__. Toujours est il que si l'on conserve ces chiffres, avec une possible licence globale optionnelle annoncée à 10 euros mensuelle, cela ferait une redevance s'élevant à un pactole mensuel de 80 000 000 d'euros par mois à se partager entre les différents auteurs. Un business de 960 000 000 millions par an, une paille en somme. Là où je gagne 750 euros pas mois, ça me fait verser une larme pour cette profession en faillite. Pour rester dans les chiffres, les différents reportages faisaient également état :
  • un coffret composé de 170 CD de Mozart à 99 euros, soit 0.58 euros pour chaque CD (au-delà de cela, les musiciens et chanteurs classiques interviewés disaient vouloir du public et donc vendent des CD pas cher pour pouvoir en rencontrer)
  • le revendeur français perçoit 8 euros sur chaque coffret vendu
  • 4 majors représentent 71.2% du marché
  • la création complète d'un CD coûte de 60000 à 70000 euros, de l'écriture à la finalisation avec les graphistes et photographes pour un artiste chez une grande major, 25000 euros dans une boîte de prod plus petite
  • un exemple d'album, Sinik, un rappeur, a vendu 250 000 exemplaires, à 17,56 (chez amazon) soit 4 390 000 (ce qui est loin de rentabiliser la mise initiale, selon le théorème de la loi normale des maisons de disques ;p)
  • Vous achetez de la musique pourrie sur les mobiles et ça vous coûte super cher et vous êtes content ! (2 euros par morceau + coût de connexion)
  • pour terminer cette liste numérique, sachez que l'industrie du disque a vu ses ventes baisser de 40% en 4 ans, bientôt un meilleur score que la sécu (routière et sociale bien sûr) ! En commentaire final, on notera que le bureau de Bernard Carayon, chef de file UMP est doté d'une Mandriva, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Quelques petits liens supplémentaires pour compléter cette étude :
  • Ce que [demande la ligue ODEBI|http://www.odebi.org/new/theme/accueil.php?a=289]
  • La [pétition|http://alliance.bugiweb.com/phpPetitions/] pour la licence globale
  • Les [liens|http://linuxfr.org/2006/02/06/20311.html] de linuxfr