Lettre ouverte à Monsieur Denis Olivennes.

En tant que premier disquaire français, vous me faîtes part de 190 000 disques dans vos rayons. J'habite Limoges. Ce nom doit vous dire quelque chose, puisque c'est la seule ville en France qui a accueillit l'ouverture d'un magasin FNAC en 2005. Je pense utile que vous veniez visiter le magasin, car la disposition ne semblait pas accueillir autant de choix. Faisant un petit calcul rapide, en prenant le dernier cd que j'ai acheté chez vous, pour mon cadeau de Noël, un superbe Tracy Chapman - Where you live, mètre en main, j'ai pu noter que ce dernier, posé sur la tranche, usait 1 cm d'espace par 14.2 cm de longueur. Je me dis que je n'aurai tout de même pas pu manquer 269,80 m² de disques dans votre trois étages et rez-de-chaussée. Eh bien pourtant, je l'ai fait ! Vous ne souhaitez pas vendre que du Éminem ou de la star ac. Pas de problème. Et la musique libre, vous prenez ? Combien de démarche avez-vous fait pour faire la promotion de groupe de ce genre ? Je n'en connais personnellement pas beaucoup, j'en connais un : Godon, que j'ai eu la joie d'accueillir sur un salon pour la promotion des logiciels libres. Godon, dans les bacs de la fnac ? Vous nous parlez de démons (sociaux ?) : quels sont ils ? Il faut toujours nommer un démon par son nom si l'on souhaite l'exhorciser. Vous dîtes que nos députés n'ont pas écouté les artistes. Ceux-là même sont-ils bien renseigner quant à ce qui est en train de se passer à leur insu ? Je sais bien qu'il est lâche de ressasser toujours la même chose, mais l'affaire Sony-BMG, est-ce en faveur des consommateurs et des artistes ? Empêcher la lecture sur certains matériels anciens, c'est cela favoriser la culture \[de consommation\] ? Par la suite, vous parlez d'amendement créaticide, car préservant la liberté. Tuer la création ? On a dit que nous ne parlions ni d'Éminem, ni de la Star'ac (que je ne connais pas de surcroît). On enlève donc tous les bloc busters américains (Dion, Madonna, ...) et français (goldman, cabrel, chedid, noir des', ...). Que reste t-il ? Et ne parlons pas de KT tunstall connue entre autre par taratata et Alice, ou encore Camille et son fil. Non, je veux dire si on enlève tout ce qui passe à la radio et à la télé, vous connaissez de la création ? Celle qui a passé la barre du média ? Je vous le demande, parce que personnellement, j'en connais, voire j'en écoute, et mieux, j'en compose. Celle-là, par contre, n'arrivera jamais dans votre rayon. C'est pourtant de la création. En quoi l'amendement déposé par nos députés est créaticide ? Peut être vouliez-vous dire "un amendement qui tue la création de dividendes sur un compte rémunéré" ? Non, je ne le pense pas, c'est vraiment la culture et la diversité que vous défendez, en tant que premier discaire de France. Oui ? Une poignée de lentille dîtes-vous... Certains ont donné leur droit d'aînesse pour cela, alors pourquoi pas l'autorisation de télécharger quelques morceaux contre une rémunération aux artistes ? Je suis certains que vous connaissez [l'étude|http://www.quechoisir.org/Position.jsp?id=Ressources:Positions:2BC68459FD363005C12570D900576C79&catcss=IMA000|fr] qui a été faîte par Paris XI et l'UFC-Que Choisir. Celle-ci montre que finalement, le peer to peer, dans état actuel n'a pas fait baisser les ventes, au contraire. Alors avoir une poignée de lentille ou rien du tout, que préférez-vous ? D'autant plus que quoi qu'il en soit, vous êtes d'ores et déjà gagnant sur tout le tableau. Vous comparez un bien immatériel, tel que la création musicale, à un bien matériel, comme le pain. Il est dans mon quelque reste de souvenir de cours d'économie qu'un bien matériel a pour charge constante, quelque soit la vente du produit final, sa matière première. Ainsi, que vous vendiez un, dix, ou un million de pains, vous aurez toujours la charge de la farine nécessaire. Qu'en est il pour une musique ? Je veux dire, une fois que la chanson est crée, enregistrée, quel coût supplémentaire vient s'ajouter à cette musique ? Elle est _où_ la farine ? Lorsque je crée un logiciel et que je le versionne, où est le coût supplémentaire si je ne le maintiens pas ? Il y a un seuil de rentabilité nécessaire, afin que je puisse manger et vivre pendant ma création, d'accord, mais après ? Pourquoi ferait on du bénéfice alors que l'on ne travaille pas ? Exception faîte que nous soyons dans une économie de marché, bien sûr. Tout travail mérite salaire. Mais lorsque l'on ne travaille pas ? Autre chose, maintenant, les jeunes. Oh, mon entourage vous dira certainement que depuis longtemps je ne me considère plus jeune, mais comme un vrai vieux. Cependant, selon vos critères, du haut de mes vingt-cinq ans, je ne suis sûrement pas très vieux. Je ne télécharge pas de sonnerie téléphonique à plusieurs (tant que ça ?) euros. Par contre, je suis intéressé par vos titre à 99 centimes d'euros (pour dix titres). Je le suis à la condition que ce ne soit pas du mp3 ou du wma. Non, je souhaite une qualité auditive correcte. Ce que l'on retrouve sur nos cd, du cda. Alors non seulement, vous ne proposez que du wma, mais en plus, ce n'est pas un [format ouvert|http://www.formats-ouverts.org|fr]. La fnac a d'ailleurs choisit Microsoft Windows Media Player(tm)(c)(r) comme lecteur. La FNAC peut être, mais moi non. J'opte plutôt pour un xmms/vlc/mplayer fort appréciable. M'assurez-vous que si j'achète des titres chez vous, ils fonctionneront chez moi ? De plus, vous auriez sûrement gagné plein de choses à travailler avec le format Ogg Vorbis. Mais je m'égare et je pars dans la technique. Vous ne fournissez pas le cd, vous ne fournissez pas les jaquettes imprimées, vous ne fournissez pas le boitier et le format de compression pourrait être meilleur. Alors, peut être que le "jeune" n'a jamais eu autant, si peu cher, mais peut être ne faut-il pas le prendre pour plus "simple" qu'il ne l'est. C'est moins cher, parce qu'il y a moins, beaucoup moins. Vous me dîtes encore, que, dans les faits, cette disposition détruira la diversité musicale et que sous-entendu, seuls les simples d'esprits payeront une licence globale pour télécharger des tonnes et des tonnes de musique. Personnellement, malgré mes faibles ressources, mon épouse et moi-même avons chacun un abonnement illimité au cinéma local. Nous achetons également deux ou trois livres par mois et un ou deux cd audio tous les deux mois. Qui plus est, je ne suis pas partisan du téléchargement, afin de ne pas rentrer en contradiction avec la loi, et ne pas pratiquer de recel (art L122-5-2° et L211-3 du code de la propriété intellectuelle, si je ne m'abuse). Oui, personnellement, tout comme je paye un abonnement au cinéma, je serai prêt à payer un abonnement pour pouvoir télécharger légalement autant de titre par mois que je le souhaite. Cela irait où ? Deux albums ? quatre ? Cent titres ? Peut être. Mais pas le bout du monde, car je n'invente pas les giga-octets. De plus, cela me permettrai de faire le tri et de pouvoir acheter, je dis bien acheter, par la suite, des cd, dans de vraies boîtes, avec de vraies pochettes et de les écouter sur ma chaîne hifi. Encore une fois, monsieur, vous prenez la défense d'intérêt, mais sont-ce ceux du consommateur ? Présenter la législation américaine comme un exemple, n'est d'ailleurs peut être pas la meilleure des choses à faire. Un pays où reste encore la peine de mort et où des guerres sont votées alors même que l'on n'a vu que des mirages (et pas français ceux-là...). Vous parlez d'un pays où une société se voit valider des brevets qu'elle n'a même pas déposé ! Vous parlez d'un pays où la malbouffe et le fric sont roi. C'est de ce pays là que vous rêvez ? Vous parlez de DRM, mais qu'est ce qui garantie que vos DRM d'aujourd'hui seront encore utilisable dans quatre ans ? Je n'aurai plus qu'à jeter mon ancienne musique comme un vulgaire bien de consommation, faisant ainsi de la culture, un bien jetable. Ce n'est pas cela que j'ai envie d'apprendre à mes enfants, monsieur. Donner des bons d'achat avant un vote, est-ce réellement cela, quelque chose de démocratique ? Est-ce ainsi que vous pensez valoriser la culture ? Est-ce réellement au consommateur que vous pensez lorsque vous nous écrivez cette grande lettre, aux représentants du peuple, et donc à nous, citoyens ? Ou bien, au fond, est-ce aux vos intérêts premiers, entre autre à ceux de fnacmusic ? Un petit citoyen, qui continuera à aller verser quelques royalties à la fnac de sa ville, parce que finalement, la fnac, c'est bien.