Pourquoi pas ldlc

J'ai pu voir dans la tribune de [soolbox|http://bouh.soolbox.com|fr] un lien pointant vers le site de [Microsoft|http://www.microsoft.com|en]. Ce [lien|http://www.microsoft.com/france/temoignages/info.asp?mar=/france/temoignages/2004/p_ldlc_0504.html|fr] est en fait le témoignage du directeur général de la société [ldlc|http://www.ldlc.com|fr] racontant en quoi il a choisi Microsoft après avoir utilisé du matériel open source pendant des années. J'ai pu noter un certain nombre de points gênants dans son discours, que je me permets donc de mettre ici en question. Pour information , je ne reprends pas la propagande microsoftienne qui va de paire pour essayer de casser l'image de l'open source (on ne parle pas de libre chez eux, jamais) : {{Lorsqu'on met côte à côte les coûts réels de l'open source et ceux d'une plate-forme Windows, l'avantage va incontestablement à Microsoft. Les investissements en licences sont plus élevés, certes, mais il me semble également qu'un expert Microsoft revient aussi entre 20 et 30% moins cher qu'un expert en Open Source.}} Première erreur, très facile à repérer. Il confond deux choses, le coup du matériel et le coup de la main d'oeuvre. Si le premier ne peut être pris en compte dans l'entreprise, le second, fait parti du capital de l'entreprise. Rien à voir avec son son capital sympathie ; non, là on parle de son savoir faire. C'est d'ailleurs un des problèmes majeurs actuellement avec les SSII, puisque l'on externalise énormément les compétences informatiques. Qu'en est-il donc du savoir faire intrinsèque de l'entreprise ? Soyons donc bien d'accord, une solution microsoft, en terme de plate-forme coûte énormément plus cher pour cause de licence, puisque celles de l'open source sont, pour la plupart gratuite. En matière d'homme, vaut-il payer plus cher des personnes plus compétentes ? La réponse est difficile, n'est-il pas ? :) {{Autre avantage : plus de perte de temps passé sur Internet à chercher des solutions, à vérifier leur fiabilité, à développer et à intégrer des briques }} Quelles recherches sur Internet ? Des solutions face à quels problèmes ? Quel est le métier des gens de l'informatique chez ldlc ? Pour mémoire, j'ai passé une journée complète sur une plateforme NT2000 pour savoir pourquoi un serveur IIS refusait d'activer les pages ASP. Il s'est avéré que cela était une restriction du dernier Service Pack de ce système. Aucune solution n'a été trouvée. Par contre, les informations ont, elles, étaient trouvées sur Internet. Rien dans les Technet. Mais j'y pense, un technet, c'est quoi ? Une base sur Internet vous-dîtes ? Intéressant. Pour le peu qu'on paye, on peut les avoir sur cd. Cela change t'il quelque chose à la recherche ? Absolument rien. Il vous est nécessaire de passer autant de temps pour trouver votre solution. Un professionnel qui dit ne pas avoir de temps à vérifier la fiabilité de solutions, si ce n'est qu'au travers de la bonne foi d'un commercial est un professionnel dans lequel je n'ai pas confiance. Imaginez un constructeur de voiture qui ne fasse pas de crashtests et qui enverrait ses commerciaux vendre ses produits ! {{sans compter sur la possibilité de ne plus être tributaire des développeurs qui conçoivent la plate-forme}} Être tributaire de tout ou parti d'une équipe au sein de sa société ne relève t-il pas de questions de management ?? {{Nous avions les hommes mais pas l'argent, nous avons donc opté pour l'open source en nous disant que nous allions compenser par le travail, voire, par le développement, ce que nous n'avions pas les moyens de financer à ce moment là. C'est surtout l'hébergement de notre plate-forme qui a joué un rôle important dans notre choix. A l'époque, les seuls prestataires qui pratiquaient des coûts abordables étaient en effet en open source, ce qui impliquait que notre plate-forme le soit également}} Pour faire simple, ce n'est pas les solutions techniques qui ont séduit la direction de LDLC dans leurs choix informatiques, mais simplement une question économique. {{l'open source est un outil puissant. On peut tout réaliser par ce biais mais à condition de développer. Développements spécifiques déjà coûteux en eux-mêmes, et qui surtout, vont de pair avec deux contraintes majeures : la dépendance vis-à-vis des développeurs ayant conçu les applications. Ce n'est pas rien dans un environnement où les compétences sont rares et donc chères. De plus, toute évolution implique de nouveaux développements internes qui se traduisent également par une administration spécifique et coûteuse. Au final, sur le long terme, Microsoft est bien moins cher que l'open source !}} J'aimerai que l'on m'explique. D'une part on parle de solutions spécifiques et d'autre part on vante les mérites de solutions génériques. Que quelqu'un m'explique, svp ?! Tout développement métier, pour un désir spécifique se traduit par une solution coûteuse, puisque non réutilisable. {{Mais de manière générale, les choses vont de toute façons plus vite en environnement Windows car l'essentiel du travail consiste à "brancher" des interfaces. Les API sont déjà là, et le développement n'est plus qu'un pâle souvenir.}} Balancer six ans d'API aux ordures, il y a quelque chose qui me frise les moustaches. Que s'est-il passé au sein du pôle développement de l'équipe informatique de LDLC ? N'y a t'il pas eu écriture de bibliothèque ? N'y a t-il pas eu documentation ? Tout en dur, monoloque, en C, peut être ? On ne le saura sûrement jamais, mais il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, Shaek le dit ! {{De manière générale, il est possible de bâtir et d'administrer des systèmes d'informations très complexes avec des compétences nettement moins pointues. Dans les deux cas, les informaticiens doivent maîtriser l'environnement. Dans le cas de l'open source néanmoins, il faut en plus être bon en réseau, en télécoms, en sécurité, etc., car toutes les briques permettant de parvenir à un système équivalent à celui de Microsoft doivent être préalablement assemblées.}} __Microsoft, magicien.__ Belle carte de visite. Ainsi, lorsque vous mettez en place des produits microsoft, vous n'avez plus besoin d'aucune compétence en réseau, en télécom, en sécurité, etc.. Tout ce qui tourne autour de votre produit n'existe plus. Microsoft prend tout en charge, comme par magie. En fait, l'informatique, c'est pareil, c'est magique. Vous appuyez sur un bouton et des formes apparaissent sur un écran, voire on croît à l'interactivité. Il esst __obligatoire__ d'avoir des compétences en sécurité si l'on souhaite être certain de la sûreté de son système d'information, surtout quand celui-ci a une relation directe avec les clients. Il est __obligatoire__ de connaître les télécoms si l'on souhaite avoir un backup en cas de perte de connectivité dûe à un FAI. Il est __obligatoire__ de faire de l'informatique quand on fait du commerce électronique, pour ne pas devenir pleinement dépendant d'une société externe. Ce n'est apparemment pas ce choix qui a été retenu. {{Au final, les développeurs sont les seuls à vraiment maîtriser l'administration et on devient peu à peu tributaires de leurs compétences avec un rapport de force qui n'est pas toujours à l'avantage de l'entreprise.}} Les développeurs maîtrisent l'administration ? Que font donc les administrateurs... Encore une fois, les assertions du directeurs sont sûrement réelles et pleines de bon sens, mais cela est un problème de management, rien d'autre. {{Problème inexistant avec la plate-forme Microsoft car les experts ne manquent pas et la reprise d'un existant, en cas de remplacement d'un informaticien, pose beaucoup moins de problèmes.}} Que tous les scribouilleux qui maîtrisent asp lèvent le doigt. Que tous ceux qui maîtrisent php lèvent le doigt. Que tous les MCSE lèvent le doigt. On va poser un problème simple. Efficacité d'Internet Explorer 6 ? Taux de mise à jour ? Prochaine version ? Conservation des données au-delà de dix ans. Qui m'ouvre du word pour windows 3.1 ? {{La principale raison qui a motivé la réintégration du serveur de messagerie en interne, explique Olivier de la Clergerie, était de gagner en sécurité, en cohérence et en tâches d'administration grâce à une base unique de gestion des droits pour l'ensemble de la plate-forme.}} Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ? Des serveurs robustes tels que sendmail, postfix ou exim existent depuis des années et font preuve de leur travail colossale, sans faillir. Pourquoi seulement aujourd'hui opter pour un exchange ? Un problème de compétences au sein des développeurs ? Peut être faudrait il alors envisager d'embaucher des administrateurs. {{Grâce à cette migration, les objectifs métier reviennent au devant de la scène. Nous ne sommes plus limités ou contraints par des choix techniques et surtout, par des compétences humaines. L'expérience open source a en effet démontré que, tout compte fait, on est bien moins tributaires des technologies que des informaticiens qui les font vivre.}} Là, je suis bien d'accord. L'important pour une entreprise, c'est son coeur de métier. Si une préoccupation secondaire devient son activité principale sans que celle-ci ne lui rapporte un quelconque bénéfice, il devient ainsi difficile pour la dîte de société de continuer à exister. Cependant, comme monsieur De la Clergerie le conclut bien lui-même, le problème chez LDLC était complètement humain et non technique. Plutôt donc que d'externaliser vers une architecture qui me semble tout sauf sûre (aucune maîtrise réelle de ce qui se passe au niveau noyau, aucune maîtrise de ce qui se passe au niveau réseau, tout juste du clic'n play pour configurer partiellement des applications), il vaut mieux tabler sur le savoir faire de l'entreprise, que celui-ci soit son coeur de métier ou non, car il est très important de garder les savoirs en son sein, c'est ce qui fait la valeur de l'entreprise, non pas son chiffre d'affaire, car ce dernier bien que primordial pour la vie économique de l'entreprise, ne l'est en rien en terme de concurrence. Ainsi, pour conclure ces quelques remarques, si je comprends bien le choix économique de l'entreprise, choix qu'ils font de leur plein droit, je le rappelle, il se pose cependant la question de la pérénité des solutions, du savoir faire de l'entreprise et de la plus value ajoutée par celle-ci, ainsi que de son capital sympathie. Ce dernier, pour ma part, est tombé à zéro pour cette entreprise. Si le capitalisme, comme le simplifie la Nitoterie, consiste à créer un besoin et vendre la réponse à ce besoin, il est nécessaire et indispensable de savoir garder les susceptibilités de chacun. Ne pas faire de promotion sur un produit que l'on vient d'installer sans pouvoir en tirer les conséquences pourrait en faire partie...